Cher Pierre,
Le gouvernement vient de faire une série d’annonces à propos de PSA et de l’automobile. A la suite de celles-ci, le Parti communiste a pris position et je pense qu’on devrait arrêter d’arrondir les angles car dans les décisions du gouvernement Ayrault, je ne vois rien d’essentiel qui permette de mener une véritable politique industrielle.
Il se contente de multiplier les expertises en acceptant, de fait, la décision de Peugeot et prolonge le raisonnement politique en matière d’accompagnement et de reconversion.
Curieusement, le mot d’ordre de la campagne électorale made in France, a presque disparu du langage étatique. Allons-nous assister au syndrome de Vilvoorde comme au temps de l’époque du gouvernement Jospin ? Pour les communistes, c’est une position inacceptable !
Nous ne pouvons pas nous contenter seulement de renouveler, même si tout cela est utile, notre soutien aux salariés de PSA et à toute la filière automobile, car nous sommes bien loin du compte.
Ce que le monde du travail et le pays attendent dans ce domaine de l’industrie, est d’une toute autre ampleur afin de ne pas revivre les expériences du passé.
Dans ce contexte, le Parti communiste français doit apparaître comme la grande force critique et constructive pour que la gauche réussisse enfin, pour empêcher à tout prix la fermeture de l’usine d’Aulnay, pour s’opposer bec et ongle aux suppressions d’emplois, en menant une bataille idéologique féroce et casser le dogme du coût du travail et de la compétitivité capitalistique.
Non le coût du travail n’est pas trop élevé en France. C’est un mensonge !
Oui PSA est déjà trop mondialisé malgré le maintien de l’emploi en France, qu’il a bien mieux satisfait que Renault. Mais la famille Peugeot a donné beaucoup de dividendes à ses actionnaires et cela, toujours au détriment de l’investissement productif.
Nous devons dire Non, trois fois Non à la fermeture d’Aulnay, Non aux suppressions d’emplois.
Oui à la mise en place volontariste et contraignante d’une politique de relocalisation industrielle pour Peugeot, Citroën et pour Renault bien sûr. Oui à une politique de reconquête des filières mécaniques pour l’automobile, le poids lourd et les cars et bus, garrottée par les grands donneurs d’ordres.
C’est là que se trouve le cœur du débat national pour l’avenir économique de la France car nul ne pouvait ignorer, à gauche comme à droite, que le plan social Peugeot-Citroën allait être une boucherie.
Demain, à qui le tour ?
Je crois sincèrement que la situation impose une initiative large, unitaire, exceptionnelle du Parti communiste français au niveau national ; une bataille qui concerne l’avenir du pays, de nos enfants et des générations futures et qui peut intéresser des centaines de milliers de français qui pourraient s’inscrire dans le développement d’un mouvement populaire d’une ampleur sans précédent avec tous ceux qui veulent défendre l’industrie nationale.
Ce que nous avons fait pour le Non victorieux à la Constitution européenne en mai 2005, ne sommes-nous pas capables de le faire pour l’industrie ? Car je sais que des centaines de militants syndicaux socialistes, communistes, républicains, beaucoup de militants responsables historiques dans l’automobile, sont prêts à être partie prenante d’une grande bataille politique salutaire.
Je crois que nous ne pouvons pas patienter jusqu’à la prochaine réunion du Conseil national le 13 septembre 2012. C’est sans attendre qu’il nous faut préparer la riposte du pays et obliger le gouvernement Ayrault à revoir sa copie sous peine de faire entrer la gauche dans une nouvelle impasse suicidaire.
Le Parti communiste peut être utile au pays avec toutes les forces de gauche et de progrès. Personne n’a envie, demain ou après-demain,qu’il y ait des réveils douloureux car nous avons déjà donné le 21 avril 2002.
Voilà, cher Pierre, mon point de vue et les suggestions que je souhaitais t’exposer, bien évidemment, en étant partie prenante de cette bataille décisive pour la France.
Amitié fraternelle.
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