samedi 4 avril 2015
Discours d'investiture de Michèle Picard, Maire de Vénissieux
LE TRAVAIL ACCOMPLI DEPUIS UN AN REPREND DÈS AUJOURD'HUI
Je tiens, dans un premier temps, à saluer la délégation spéciale et son président, Monsieur Rouveure, pour le travail accompli pendant cette période de transition, et l’organisation de ces nouvelles élections.
Bien évidemment, je remercie très chaleureusement les électeurs, les militants, et tous les progressistes qui se sont investis sans compter dans cette campagne. Sans oublier les 2400 personnes de notre comité de soutien. La dynamique impulsée s’est traduite dans les urnes, ce sont eux qui ont permis cette large victoire, eux qui ont permis de laver l’affront.
Vénissieux n’est la propriété de personne, encore moins de ceux qui ne la respectent pas.
Vénissieux appartient aux Vénissians, Vénissieux appartient à sa propre histoire, populaire, industrielle, républicaine et résistante. Elle s’est forgée dans les luttes, dans les épreuves, dans le mélange des cultures, avec une farouche volonté d’indépendance. On ne bafoue pas cet héritage-là comme on ne bafoue pas ses habitants, son expression démocratique, sa volonté politique.
Instrumentaliser, manipuler, déformer la réalité, calomnier, c’est pire que jouer avec le feu, c’est entretenir le rejet de la politique, alors que la crise civique et l’abstention rongent notre pays. Les Vénissians ont sanctionné ceux qui se sont livrés à cet exercice stérile, si éloigné de la réalité du terrain.
Lors de mon investiture en 2014, je parlais d’exemplarité, d’honnêteté, d’humilité face à la tâche qui est la nôtre, face à la crise que les Vénissians endurent au quotidien. Un an plus tard, les habitants ont tranché de façon nette et cinglante : ils ont renvoyé dans les cordes ceux qui se livrent aux petits calculs politiciens, ceux qui divisent, ceux qui font passer leur ego avant l’intérêt général. Ils ont dit non à la politique de la terre brûlée, non aux apprentis sorciers, non à la droite de l’argent roi, non à l’extrême droite de la haine.
Vénissieux n’est la propriété de personne, mais son image et son rayonnement sont de la responsabilité de chacun.
On ne joue pas impunément avec ça, avec le dénigrement, avec les attaques personnelles, avec la calomnie. On ne joue pas avec les mots qui blessent les gens et la mémoire, qui raillent leur culture et leurs racines, avec ces discours xénophobes qui soufflent sur les braises du nationalisme, comme le Front National sait si tristement le faire.
Peut-être faut-il voir dans les comportements de certains le fait que je suis femme. Oui, mais comme les Vénissians, je suis une femme à forte tête, une femme déterminée, une femme tournée vers l’avenir de notre ville, une femme pour laquelle la chose publique et le respect de l’autre, ont encore une signification.
On ne construit rien dans le déni, on ne construit rien avec, pour seul objectif et seul programme, la fin de 80 ans de communisme. A ce titre, je serais presque tentée de remercier Christophe Girard : il m’a permis d’être légitimée deux fois en un an, et il a permis à notre liste de creuser un écart plus fort encore qu’en 2014, et de décrocher un pourcentage plus élevé (plus 5 points).
Résultat : au terme de cette épreuve, car c’était une épreuve pour tous nos colistiers, notre équipe en ressort plus soudée et confortée que jamais, chacun s’est dépassé, et tous les partenaires de la majorité se sont impliqués avec force et générosité pour faire gagner une gauche sincère, authentique et déterminée.
Depuis le début, la droite sarkozyste locale, loin des préoccupations des Vénissians, manœuvre pour créer le sentiment que notre liste a mal gagné.
Là encore, le vote du 29 mars est une réponse cinglante : les Vénissians ne sont pas naïfs, il ne faut pas les prendre de haut, ils ont très bien compris la situation, ils ont, comme on dit, trié le bon grain de l’ivraie : d’un côté l’expérience et l’engagement au service de l’intérêt général, de l’autre, des intérêts particuliers et des attitudes anti-démocratiques, contre lesquelles le préfet vient d’ailleurs de porter plainte. C’est ce que j’appelle un fracassant retour de boomerang, dans les urnes et devant les tribunaux.
Pour autant, aucun sentiment de revanche n’animera notre majorité municipale. Je ne suis pas le maire de mes sympathisants, mais le maire de tous les Vénissians dans un esprit républicain. Ce qui nous porte, ce n’est pas de faire tomber une ville, mais au contraire de la tirer par le haut, de la faire avancer, d’en renforcer la dynamique actuelle.
Je voudrais saluer et féliciter tous les membres de la majorité, qui ont accompli en un an un travail remarquable, dans un climat malheureusement délétère. Ils se sont placés au dessus de la mêlée et des attaques personnelles, pour réaliser le contrat communal sur le terrain, pour l’inscrire dans l’amélioration du quotidien des familles vénissianes.
Nous sommes accompagnés aussi de services compétents et très professionnels, d’agents, d’hommes et de femmes dévoués, qui font vivre nos services publics de proximité. Certains ont dû apprécier votre marque de respect, Christophe Girard, en lisant vos propos dans la presse, et je vous cite : « ce sont ceux que je ferais virer si je gagnais !». Je ferme la parenthèse.
Ces forces réunies, chacune dans son domaine, sont passées à l’action, pendant que d’autres, tout à leur obsession procédurière, ont fait perdre du temps à Vénissieux et aux Vénissians.
La construction du nouveau groupe scolaire du Centre est ainsi lancée, tout comme la nouvelle cuisine centrale dont l’ouverture est programmée en 2017. Deux choix politiques forts qui illustrent notre volonté de garder une maîtrise publique d’enjeux aussi importants que l’éducation et la santé.
Depuis le 1er janvier 2015, en atteignant la barre des 50% d’énergies renouvelables, la TVA a baissé de 19,6% à 5,5% pour les 11 700 usagers du réseau de chauffage urbain. Le centre nautique intercommunal, ce lieu de toutes les mémoires vénissianes, ouvrira ses portes en juin prochain.
La récente livraison de la piste d’athlétisme du stade Laurent Gerin profitera aux scolaires, aux sportifs et fera rayonner Vénissieux à l’échelle régionale. Pour les plus fragiles, notre équipe municipale a créé de nouvelles aides, afin de répondre au plus près à l’urgence sociale des habitants.
Ambition de notre politique petite enfance avec la récente extension de la crèche Saperlipopette, qui permet à 80 familles d’en être utilisatrices, contre 30 par le passé. Ambition de notre politique du 3ème âge avec un service de portage de livres dans nos résidences, et bientôt, une nouvelle résidence juniors-seniors, pour renforcer les liens intergénérationnels. Ambition qui ne se dément pas pour répondre au besoin de logements diversifiés des habitants et des familles.
Enfin, notre mobilisation est totale pour la bataille de l’emploi, et pour renforcer l’attractivité retrouvée de notre ville auprès des entreprises : l’arrivée du laboratoire Carso, 500 salariés à la clé, et l’objectif d’atteindre 700 emplois à court terme, la fidélité au territoire vénissian de l’entreprise Baret, le développement du pôle automobile sont une chance pour l’emploi local.
A l’issue de ces nouvelles élections, notre majorité municipale va mettre les bouchées doubles pour poursuivre le pacte communal adopté par les Vénissians. Plusieurs conseils municipaux auront lieu en avril. Le débat d’orientation budgétaire sera rediscuté et le budget présenté, les subventions versées aux associations.
Nous allons faire en sorte de relancer au plus vite l’activité de la ville sur l’ensemble des quartiers. Car ces manœuvres procédurières ont eu des conséquences pour les habitants et pour la Ville : retard sur la programmation de la dotation de développement urbain, sur la politique de la ville, avec une vigilance particulière pour les associations pénalisées qui sont liées au contrat urbain de cohésion sociale.
Je rappelle également que la charte de coopération avec les acteurs économiques, à laquelle 20 entreprises ont répondu positivement, aurait dû être signée fin mars. Cette charte va permettre de créer des passerelles entre la jeunesse et le monde du travail, nous allons vite la remettre sur les rails, car la crise économique et le chômage frappent sans ménagement les 15-25 ans.
Le travail que la ville mène avec l’ensemble de ses partenaires a été, de près ou de loin, affecté, ralenti, voire mis, dans certains cas, entre parenthèses. Pour le Puisoz par exemple, dossier sur lequel, contrairement à des déclarations mensongères, la ville est impliquée à plus de 100%, faute d’exécutif, les différents acteurs concernés ont été amenés à attendre la fin de la campagne et les nouvelles élections. Des travaux de proximité du Grand Lyon sur la commune de Vénissieux ont subi le même sort.
Jouer avec les règles démocratiques, faire de la petite politique politicienne, c’est jouer contre les habitants et contre son territoire, et je crois là encore que les Vénissians sauront s’en souvenir. Pour connaître la fidélité, la combativité et le sens des responsabilités des hommes et des femmes de notre majorité, je sais qu’ils sont prêts à mettre les bouchées doubles pour et par Vénissieux.
Nous sommes prêts et nous n’avons pas le choix. Les habitants des villes populaires souffrent très durement de la crise économique, ils se sentent abandonnés par l’Etat, voire méprisés.
Les politiques nationales ne sont pas à la hauteur de ces crises multiples. En se désengageant, l’Etat ne remplit plus son rôle, il laisse les difficultés s’accumuler dans les territoires populaires, tout en se déchargeant de missions régaliennes sur le dos des collectivités. Or les villes, même si elles agissent, ne peuvent se substituer à la puissance de l’Etat en matière d’emploi, de logement, de sécurité…
Des défis énormes et cruciaux se présentent donc à nous. L’avenir de nos territoires, et de la société française dans son ensemble, dépendra de notre capacité à les relever. La lutte contre la pauvreté et la paupérisation de la population est primordiale. Elle est au cœur de tout.
L’abstention et le vivre ensemble sont aussi des marqueurs forts d’une crise civique et sociale. Sous l’effet, entre autres, des politiques libérales, les deux se délitent, à une vitesse telle que les fondations du pacte Républicain sont en train de vaciller. Année après année, scrutin après scrutin, la participation s’érode, s’effrite, s’écroule.
Dans le cadre d’une élection partielle, le phénomène s’accentue encore, comme chacun de nous a pu le constater lors des deux derniers week-ends. Ceux qui utilisent les chiffres à des fins politiques feraient mieux de juger leur score à l’aune d’une abstention qui frappe toutes les listes.
Quant aux agissements signalés à Vaillant Couturier et à la Maison du Peuple, ce n’est pas ainsi que l’on va rapprocher la politique des citoyens !
Non, le vrai enjeu n’est pas là, il est de faire revenir les électeurs dans les bureaux de vote, de retisser les liens de la citoyenneté, du civisme, du débat public et du débat d’idées. Ne baissons pas les bras à ce sujet, car ce sont nos libertés qui en mourraient.
Nous ne découvrons pas l’abstention aujourd’hui, toutes les majorités municipales, depuis 20 ans, ont mis en place des outils de proximité pour défendre et promouvoir la citoyenneté. Heureusement que les conseils de quartier sont là, car la situation serait bien pire sans eux.
La création du Conseil Municipal Enfants s’inscrit dans cet esprit de sensibilisation et d’éducation. La démocratie, elle se transmet, elle s’apprend aussi. Mais il faut aller plus loin encore.
Comme je l’annonçais l’année dernière, nous allons mettre en place une commission relative à la lutte contre l’abstention. L’échelle de la commune me paraît appropriée pour retisser le lien civique avec les habitants, avec les jeunes générations, avec tous ces gens qui se sentent abandonnés, méprisés et qui, en ne votant pas, se trompent de cible.
J’évoquais également l’année dernière le vivre ensemble, les replis identitaires, communautaires, toutes ces fractures manifestes qui rongent la société française. Entre-temps, il y a eu le 7 janvier, puis ces 3 journées noires où nos craintes se sont transformées en effroi : la barbarie, là, présente parmi nous, à Paris comme à Tunis.
L’avenir de Vénissieux n’est ni dans le communautarisme, ni dans le rejet de l’autre, ni dans la xénophobie. Il est en République, une et indivisible, il est dans la tolérance, donc dans le cadre d’une laïcité qui ne se négocie pas. Il y a des principes qui interdisent, et des principes qui protègent.
Il faut le dire et le redire : la laïcité est un principe qui protège, il nous permet de vivre ensemble dans le respect des croyances ou non croyances, des uns et des autres, dans le respect d’un espace public sans prosélytisme, un espace de la citoyenneté.
Sortons de cette définition restrictive par la religion, définissons-nous plutôt par nos différences de cultures, par une perméabilité des échanges, qui ont construit et enrichi l’histoire de France, tout comme celle de Vénissieux.
Il y a un travail immense de pédagogie, de sensibilisation à accomplir au sujet de la laïcité, un travail qui n’a peut-être pas été entrepris de façon sérieuse, tellement ce principe semblait acquis. La ville de Vénissieux s’y attellera, car elle croit en la primauté de l’intelligence sur la violence, de l’émancipation sur l’embrigadement, de l’éveil sur le repli.
Enfin, bien sûr, et ce sera l’un des enjeux forts de ce mandat : quelle organisation territoriale voulons-nous ?
Comment défendre nos politiques de proximité sous l’austérité décrétée par Bruxelles, Berlin et le gouvernement socialiste de Manuel Valls ?
Sur le premier point, comme au Grand Lyon, Vénissieux saura faire entendre sa voix, sa singularité et son caractère, au cœur de la Métropole.
Il n’y aura pas de ma part d’opposition frontale et systématique à la mise en commun de certaines compétences, mais il y aura par contre, une vigilance accrue en matière d’exercice démocratique au sein de l’assemblée métropolitaine.
Il s’agit de faire avancer tous les territoires ensemble, d’associer les maires aux décisions dans le cadre d’un budget transparent, d’une équité des investissements entre ville centre, et villes périphériques.
10ème arrondissement de Lyon, non, porte d’entrée sud d’une agglomération sans fracture territoriale, oui, nous y travaillons déjà sans relâche. Au cœur de ce maillage, la commune doit rester le pivot central et la cheville ouvrière du pacte républicain. Il faut dire la vérité aux Vénissians, aujourd’hui comme tout au long du mandat. Beaucoup de villes, de droite comme de gauche, s’opposent aux politiques d’austérité imposées sans discernement aux collectivités par le gouvernement.
Vous connaissez ma position à ce sujet : elles vont pénaliser doublement les habitants, contracter les investissements, ralentir l’activité du BTP, plomber les carnets de commandes des entreprises de proximité, et bien sûr cibler et attaquer toutes les politiques culturelles, sociales que nous menons. L’hécatombe, parmi les festivals et manifestations culturelles annulées, est déjà en cours.
La vérité, que je dois aux Vénissians, elle est dans ce chiffre, dû aux baisses de dotations de l’État : le budget de la ville va perdre 7 millions d’euros d’ici 2017. C’est considérable, c’est même du jamais vu.
Nous devrons faire des choix, tout en restant ferme sur ce qui forge l’identité de Vénissieux : le maintien de services publics de proximité de qualité, la poursuite d’investissements dédiés à l’intérêt général, et la dynamique de tous ses quartiers.
Ici, à Vénissieux comme à la Métropole, nous tiendrons le cap à gauche, une gauche authentique, fière de ses valeurs, et déterminée.
A force d’acharnement et de manipulations pour faire tomber la Ville, mais aussi, peut-être, la femme que je suis, au point d’avoir été tenté par des alliances contre-nature surréalistes, certains ont perdu plus qu’une élection, ce 29 mars au soir. Ils ont perdu en crédibilité, ils ont perdu le sens des valeurs qui fondent l’action politique et l’engagement public.
Je ne sais pas dans quelle mesure les Vénissians réussissent à façonner un maire et une majorité à leur image, mais ils y parviennent. Peut-être faut-il voir dans cette réciprocité l’expression d’un attachement fort à des valeurs simples : l’humanité, la solidarité, la combativité, la générosité, la probité, l’humilité, dans les pas d’un homme qui nous manque tous, et auquel nous pensons ce matin, Guy Fischer.
Les Vénissians nous attendent. Le travail accompli depuis un an reprend dès aujourd’hui. Avec une force et une énergie supplémentaires pour notre majorité, celle d’une légitimité renouvelée par les habitants, une légitimité que personne ne peut nous contester.
Je vous remercie.
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