La
France
gangrenée par l’islamisme
André GERIN
Député-maire honoraire de
Vénissieux
______________________________________________________________
En 2007, j’écrivais un livre intitulé « les
ghettos de la République
» dans lequel j’ai voulu dépeindre la réalité d’une situation que je connais
bien. J’y racontais sans fards, la vie des quartiers au quotidien, j’y décrivais
la violence, l’économie parallèle, la place prise par les fondamentalistes
musulmans, les difficultés d’intégration et la misère. Depuis, c’est la société
dans son ensemble qui s’est beaucoup dégradée comme si nous n’étions plus
capables de répondre aux défis de l’intégration. Allons-nous laisser
l’islamisme et le Front national remplir ce vide, pour notre avenir et pour
notre pays ? C’est l’équation historique à laquelle nous devons répondre.
Je suis persuadé qu’il est impératif de débattre
de tout ce qui pourrit la vie de nos quartiers. En 1995, alors que j’étais
maire de Vénissieux, les élections municipales ont porté le Front national à 29
%. Ce score élevé a agi sur moi comme un électrochoc. Dès lors, j’ai décidé de
parler vrai et fort et de me libérer de tous les a priori idéologiques. Je voulais
absolument sortir des clichés politiques. Je fais alors réaliser avec la Sofres , une enquête
qualitative en octobre 1995 dans laquelle il était question du vote Front
national.
Une impérieuse nécessité de comprendre,
d’entendre la souffrance et les appels au secours des classes populaires s’est
imposée à moi. Il me fallait connaître les raisons pour lesquelles le vote Front
national avait été si fort aussi bien dans la sphère ouvrière que chez les employés.
Il me fallait également interpréter cette abstention massive qui pouvait
avoisiner 80 % dans les quartiers les plus paupérisés.
Voilà donc une vingtaine
d’années que je m’interroge sur cette fracture, cette rupture, cet abandon des
classes populaires. Je me demande également où se situe la volonté politique de
combattre l’islamisme, ce danger majeur pour la République , alors que
paradoxalement, cette réalité constitue le terreau du Front national. Car, pour
des millions de Français, le Front national apparaît de plus en plus comme le
seul parti politique à traiter le sujet de l’immigration et de l’islamisme.
Soyons
clairs d’emblée, l’islamisme est une idéologie qu’on ne saurait confondre avec l’islam spirituel qui concerne l’essentiel des musulmans.
Hostile à toute expression libre, elle a déclaré une guerre sans merci à tout
principe démocratique. Source d’inquiétudes pour la société française et
occidentale, elle se voit soit confondue avec la religion musulmane, soit
injustement minimisée dans sa nocivité. On ignore la dangerosité de l’islamisme
et des interprétations intégristes de l’islam. C’est un islam politique. On le
voit avec l’État islamique aujourd’hui, cette barbarie fasciste qui est à
l’œuvre.
A travers mes observations et ma longue
expérience de terrain en tant que maire vingt quatre années durant, le constat
que je fais est sans appel. Par conviction idéologique, aveuglement électoraliste
et clientélisme électoral, une complicité « islamo gauchiste » s’est instaurée
de manière insidieuse. Pour étayer ces propos, je veux citer l’exemple de ce
responsable socialiste de Vénissieux qui, en juillet 2014, écrit dans le billet
d’un magazine : « la laïcité est une arme de guerre contre les musulmans ».
Cette phrase est explicite et démontre à quel point, dans ce cas précis,
l’islamisme est ignoré. C’est comme s’il n’existait pas et ce, pour des raisons
purement démagogiques.
Au plus haut niveau de l’appareil d’État, un
clientélisme diplomatique s’exerce ouvertement dans ses relations avec l’Arabie
Saoudite ou le Qatar par exemple. Ce flirt malsain entre le politique et le
religieux, entraîne de graves conséquences pour l’identité de la France. Beaucoup
ont aujourd’hui le sentiment que l’héritage de la Nation française est
abandonné.
Ces complicités et ces non-dits participent,
qu’on le veuille ou non, à l’installation de l’islamisme qui gangrène
sournoisement la société française. Si pour moi, c’est insupportable, pour
Marine Le Pen, en revanche, cet état de choses est la garantie de la victoire.
Car contrairement aux déclarations convenues,
tout ne découle pas de la crise économique et sociale. C’est pourquoi il faut
tordre le cou aux discours de victimisation et de l’excuse. Il est nécessaire
d’avoir une approche moins simpliste des réalités que vivent les populations
paupérisées. D’autres dimensions ont pris le pas : la crise morale, spirituelle
et culturelle. Ni le chômage, ni les inégalités ne suffisent à expliquer les
raisons pour lesquelles les français issus de l’immigration seraient encore
plus religieux et pratiquants que leurs pères. Du reste, qu’on nous donne les
raisons pour lesquelles des français d’origine se convertissent à l’islam et
arabisent leur patronyme.
Les ghettos ont émergé sur fond de fracture
territoriale et ethnique. Ils sont peuplés majoritairement, dans de nombreuses
agglomérations, par une population du Maghreb et/ou africaine. C’est cette
massification que nous avons sous-estimée. Ce phénomène est très prégnant dans des
territoires entiers où les français d’origine représentent une faible minorité
des populations locales.
C’est pourquoi la langue de bois n’est plus
possible : les violences urbaines doivent devenir notre tableau de bord
quotidien. C’est un phénomène qu’il faut prendre à bras-le-corps car il
préoccupe au plus haut point notre société. Incendier des voitures n’est pas un
fait divers, cette violence ne doit pas être banalisée.
Je suis convaincu que nous devons aborder
l’insécurité et l’intégrisme avec réalisme et fermeté, sans détours ni
ambiguïté, en ne laissant aucun espace au Front national qui en fait son fonds
de commerce. Face à ce poison mortel, les démarches partisanes sont
contreproductives. La meilleure façon de combattre le FN est de traiter cette
question avec lucidité, courage et sans tabou.
Un climat houleux s’est installé au sein de la
société française. Il est fait d’inquiétudes sur l’avenir de la Nation et de la République ,
d’inquiétudes aussi sur notre mode de vie qu’on sent se dérober sous nos pieds.
Les dirigeants politiques de droite comme de
gauche qui ont joué aux apprentis sorciers sont les meilleurs convoyeurs du
Front national. Leur complicité et leur aveuglement électoraliste ont contribué
à miner l’identité de la France
et à laisser une société à la dérive. Ils n’ont tiré aucune leçon politique du
21 avril 2002 quand Jean-Marie Le Pen est présent au second tour de l’élection
présidentielle. La gauche comme la droite républicaine sont dans le déni. Une
partie de la droite, sous l’ère Sarkozy, s’est même rapprochée du Front national
et a tenté de l’imiter.
Nous ne devons plus nous laisser impressionner
par le terrorisme intellectuel de ceux qui acceptent de mettre la République à genoux.
Nous devons réagir contre la démagogie de ceux qui nient l’existence même de
l’islamisme.
Deux dates constituent un tournant
géopolitique : la révolution islamique en Iran en 1979 et 1989 en France,
l’affaire du foulard islamique de Creil. Depuis les années 1990, l’emprise de
l’islamisme s’est élargie. Elle s’est ancrée profondément et durablement dans
l’espace public. Dans certains territoires, la loi de la charia s’applique sans
complexes, c’est un fait avéré. Qui plus est avec un milieu familial favorable,
un enfermement et un endoctrinement, tous les ingrédients sont réunis pour que
la gangrène puisse se propager insidieusement.
Il ne faut donc pas s’étonner d’entendre des citoyens s’écrier ici et là :
« On n’est plus chez nous ». Ces réactions épidermiques nous dérangent, mais
elles nous obligent à prendre conscience de réalités très éloignées du microcosme parisien.
Mais revenons un bref instant au 16 juillet
1981, date de « l’été chaud des Minguettes ». Pour la première fois
en France, des voitures brûlent, jeunes et forces de l’ordre s’affrontent
violemment. La problématique des banlieues prend alors une dimension
nationale. Après ces événements, les
enfants français de l’immigration maghrébine sont présentés comme des victimes.
Forts de ce nouveau statut, « La marche des beurs » est entamée en 1983. Elle
se voulait pacifique, à l’image de celle qu’avait conduite Martin Luther King
ou Gandhi l’homme de paix.
Puis, sous le gouvernement Mauroy, les
politiques Gilbert Bonnemaison, maire d’Epinay et Hubert Dubedoux, maire de
Grenoble, ont mis en place la politique des ZEP (1982/1983) où les grands
frères ont été sollicités pour aider aux devoirs. Le fait est que les aides
financières aux associations vont se multiplier et s’organiser sans le moindre
contrôle. Les associations vont être prises en main pour mieux quadriller
certains territoires. Ainsi, dans un contexte d’abandon industriel, les petits
boulots se développent. C’est sous couvert de travail social que les
populations vont être orientées fallacieusement vers l’intégrisme.
Ce qui devait se produire, arrive. Les résultats
du Front national aux élections européennes de 1984 sont sans appel mais ils
vont être largement minimisés. Pire, dans le clivage gauche/droite,
l’instrumentalisation du FN a servi de repoussoir et d’échappatoire. Au début
des années 1990, Vaulx-en-Velin connaît à son tour des émeutes. La politique de la ville est mise en place à
cette époque.
Parallèlement, la géopolitique mondiale est
bouleversée par l’écroulement de l’URSS, l’intervention militaire en Irak, la
guerre civile en Algérie. La présence de membres du Groupe Islamique Armé (GIA)
venus se réfugier dans les banlieues françaises est d’autant plus inquiétante
car, avec son orientation et ses méthodes barbares, ce groupe veut imposer au
peuple algérien un Etat islamique. Dans la région lyonnaise, est créée une
organisation nommée « L’union des jeunes musulmans » (UJM) qui reçoit le
soutien idéologique de Tariq Ramadan. Ce dernier va en faire son laboratoire.
Khaled Kelkal est abattu en septembre 1995 dans
cette même région lyonnaise. Son nom est cité dans l’attentat du RER de la
station Saint-Michel. C’est lui aussi qui a déposé une bombe devant l’école
juive de Villeurbanne. Quatorze personnes sont blessées. Grâce au feuilleton médiatique
de son exécution en direct, Khaled Kelkal devient un héros. Or, l’UJM a
toujours contesté son islamisme alors qu’il est effectivement membre du GIA. Et
le discours que l’on nous ressasse sans cesse, aussi bien pour Khaled Kelkal
que pour Mohamed Merah beaucoup plus tard, est le suivant : « c’est la faute au
racisme institutionnel, au colonialisme». L’État français serait donc responsable
d’avoir laissé se développer les pratiques radicales et terroristes de certains
musulmans.
Ce qui se passe en France est directement lié
aux questions internationales à travers le rôle d’Al Qaïda et l’attaque du World
Trade Center à New York le 11 septembre 2001. Tout s’accélère alors : les
défis montent d’un cran.
Aujourd’hui, la situation a évolué de manière
très inquiétante. La violence est devenue la norme et l’émeute est devenue la
règle. De telle sorte que le harcèlement contre la police s’intensifie, les
pompiers sont régulièrement pris à partie, les bâtiments publics sont la cible
des destructeurs. Des gamins de huit à dix ans sont encouragés à caillasser
régulièrement. D’autres agissent la nuit en bandes avec des adultes et
utilisent pierres et pavés comme projectiles. Nous avons bien compris que « ces
actes sont spontanés » (sic).
Nous observons une montée de la haine de la France , de l’antisémitisme,
du racisme anti-blanc qui se traduit par des harcèlements quotidiens dans les
bas d’immeubles. Les français installés depuis des générations préfèrent partir
en raison d’une atmosphère devenue invivable. Ces départs massifs sont
irréversibles. D’ailleurs, au début des années 1980, plusieurs centaines de
milliers de logements HLM se sont vidés à cause de ce phénomène et suite à la
loi Barre/Barrot de 1977, la priorité est donnée à la maison individuelle au
détriment du logement social.
En janvier 2002, deux garçons originaires de
Vénissieux se retrouvent emprisonnés à Guantanamo après être passés par les
camps d’Al Qaïda en Afghanistan. L’armée américaine les a capturés en octobre
2001 au Pakistan. Le gouvernement Jospin, que je sollicite alors, ignore le
problème. Quant à moi, je veux savoir qui bourre le crâne de nos gamins, qui
sont les têtes de réseaux. En ma qualité de député, je mets tout en œuvre pour
que Nizar Sassi et Mourad Benchelalli soient rapatriés et jugés par la justice
française. Ce qui ne sera effectif qu’après plus de trente mois
d’interventions. A propos du camp de Guantanamo, je me heurte à l’indifférence
générale de la classe politique. Ce sujet, d’une extrême gravité, me bouleverse.
Ces deux gamins du même quartier sont parfaitement intégrés et travaillent
normalement. Ils n’ont rien à voir avec des jeunes paumés. Après diverses
interventions pour les faire rapatrier en France, voici que des amis proches
m’accusent de défendre des terroristes qui, je le rappelle, étaient emprisonnés
dans une zone de non-droit et sans aucun jugement d’une quelconque autorité
reconnue. C’était pour moi un traumatisme, le camp de Guantanamo représentait à
mes yeux le goulag occidental. Par
ailleurs, la crise économique et sociale n’expliquait en rien le problème.
Avec le recul nécessaire, je prends conscience
que dans le quartier où vivaient ces deux jeunes hommes, une guerre culturelle
avait été menée par l’imam Benchellali. Avec ses prêches orientés, il avait non
seulement pourri le quartier mais il était certainement allé au-delà. Heureusement,
il sera finalement expulsé de France pour « association de malfaiteurs en
association avec une entreprise terroriste ». Cette affaire
illustre l’état de délitement de la société.
Un autre exemple est celui de l’imam Bouziane.
Après être passé par Lyon et Villefranche-sur-Saône, il s’installe à Vénissieux
alors que pèse sur lui, en février 2004, un arrêté d’expulsion émis par les
autorités françaises. Pourtant, cet arrêté n’est pas exécuté du fait des
élections régionales proches.
Cet imam prononce des discours dans lesquels il
prône la lapidation des femmes. Il y fait aussi l’apologie du racisme
anti-blanc, déverse sa haine de la République et des Juifs. Dès que je prends
connaissance de la situation, je dénonce ses propos. Il sera expulsé pour
« apologie de crime de provocation directe non suivie d’effets, à porter
atteinte à l’intégrité d’une personne ». Cet imam était considéré comme le chef
spirituel des groupes salafistes en France. J’obtiens son expulsion en avril
2004 suite à l’intervention de Dominique de Villepin, ministre de l’intérieur
de l’époque. Or, le Recteur de la
Mosquée de Lyon s’interpose et présente cet imam comme une
personne respectable sous tous rapports. Lorsque j’entame mes démarches pour le
faire expulser, dans une interviewe au journal Le Progrès du 30 avril 2004, ce même Recteur me critique de manière
virulente alors que les autorités savent pertinemment que l’imam Bouziane
prononce des prêches violents et exerce un travail de taupe dans plusieurs
quartiers des Minguettes (22 000 habitants). Combien « d’imam
Bouziane » sont sur le territoire national à ce jour ?
******
Il nous faut revenir sur les émeutes de
l’automne 2005 qui ont démarré à Clichy-sous-Bois. Ces trois semaines nous ont
donné l’impression d’un début d’une guerre civile. En pleins événements, le
Président Chirac décide au bout de deux semaines d’émeutes, d’instaurer l’état
d’urgence en France. 800 communes étaient concernées. Ces violences urbaines
représentaient un changement de nature par rapport à celles que nous avions connues
jusque-là. Huit jours après la mort des deux jeunes, poursuivis par la police
et qui s’étaient réfugiés dans un transformateur électrique, une grenade éclate
à proximité de la mosquée le 30 octobre 2005. Dès lors, la situation bascule.
Les trafiquants de drogue et d’armes, au côté des fondamentalistes religieux
instrumentalisent la colère et l’émotion. Le nombre de voitures incendiées est spectaculaire, mais aussi les cibles
multiples qui touchent directement les symboles de la République , la
multiplication de menaces précises et répétées sur les bâtiments publics, les
gymnases, les bus, les écoles.
Ces événements se déroulent sur fond de haine de
la France et
se reproduisent lors des émeutes de Villiers-le-Bel en novembre 2007, puis de
Grenoble en juillet 2010, d’Amiens en août 2013 et du quartier nord de
Marseille de manière récurrente, pour ne citer que ces villes. On dénombre,
dans plusieurs cas, des tirs à balles réelles contre la police.
En ce qui me concerne, j’ai
acquis la conviction qu’il existe des passerelles entre les trafiquants de
drogue, les mafias et les fondamentalistes (Voir
l’analyse du Centre de recherches français sur le renseignement ; Le
rapport de recherche n° 1 de septembre 2005 « le développement de l’islam
fondamentaliste en France : aspects sécuritaires, économiques et
sociaux »).
Hormis quelques études réalisées après les émeutes de 2005, aucun enseignement
sérieux au niveau politique, ni à gauche ni à droite, n’a été tiré alors que
nous venons de subir un tremblement de terre sans précédent.
Depuis, les pressions sur les maires pour
imposer la viande halal dans les cantines sont insistantes et répétées à tel
point que certains d’entre eux, pensant échapper à cette revendication religieuse,
décident des menus sans viande. Au bout de quelques temps, pourtant, la
question de la viande halal resurgit…
Sur ce point, il faudrait regarder de plus de près, quel est le circuit
financier de la viande halal. C’est une
filière opaque. Nous savons que des collectes financières sont organisées par
le Hezbollah ou le Hamas par exemple. Nous savons aussi que des intégristes
expliquent pourquoi il est nécessaire de vendre de la drogue, en précisant
qu’il s’agit d’aider l’Etat islamique à défendre le véritable islam. C’est là, ajoutent-ils,
leur contribution au financement du djihad.
Le mélange entre l’intégrisme et les voyous nous
apparaît de plus en plus évident. Combien rapporte le trafic d’héroïne et le
cannabis ? Cette économie parallèle et massive sert aussi au financement de
djihadistes, aux financements occultes, aux trafics et aux opérations illicites
qui, au même titre que les braquages et les trafics de drogue, peuvent servir à
financer des cellules djihadistes et des mouvements terroristes. Comme à
construire une trésorerie pour le djihad. Au plus haut niveau, les réponses
stratégiques ne sont pas engagées contre ces criminalités enkystées et à ce
jour la riposte demeure superficielle.
Il serait donc temps de poser un diagnostic sur
cette réalité. Les bien-pensants et les ultra gauche cherchent à nous convaincre
qu’il s’agit d’une révolte de jeunes humiliés et que leur djihad n’est rien de
plus qu’une révolte identitaire, doublée d’une révolte adolescente. Or, nous
n’avons pas connaissance de revendications sociales ni de sollicitations
politiques. En revanche, prolifère le discours anti français, anti occidental,
anti juif, anti police. Il est porté par des Français issus de l’immigration et
protégés par les tenants d’une culture de l’excuse qui, misant exclusivement
sur le social, ignorent tout de la dimension culturelle et politique de ces évènements,
prises de position et passages à l’acte.
Pour eux, être français issu de l’immigration est forcément être une
victime et en particulier ad aeternam une victime du colonialisme ; Quand bien
même l’Algérie est indépendante depuis 54 ans…. Deux à trois générations…. Parallèlement,
les mêmes feront silence sur les nombreuses conversions à l’islam (plusieurs
dizaines de milliers, 60 000 disait-on déjà en 2006). Ce sont ces jeunes
hommes et femmes que l’on retrouve en nombre en milieu djihadiste de l’État
islamique. Des réalités connues de la police et du renseignement et qui sont
aujourd’hui pain béni pour le Front national.
L’évolution de la société française montre à
quel point le communautarisme venu de l’islam politique met en péril la paix
civile en France. La ségrégation sur fond de violences urbaines, est devenue
courante : voitures brûlées, attaques contre la police, les pompiers, les
personnes physiques en première ligne comme les médecins, les facteurs, les
agents des télécoms, les gardiens d’immeubles… Les grandes surfaces ne sont pas
en reste, elles exercent également une forme de ségrégation puisqu’elles
refusent de livrer dans certains quartiers.
Député et maire de ces quartiers, je suis déterminé
à affronter cette réalité. Mais dans le même temps, je me heurte à d’autres
difficultés. Député, je demande la création d’une commission d’enquête sur les
imams autoproclamés (environ 2000), et je
rédige une proposition de loi relative à la criminalisation de l’incendie des
véhicules. A chaque fois, je me vois opposer un refus de mon propre groupe
parlementaire (PCF) estimant ne pas
vouloir « stigmatiser les musulmans ».
Fort de mes arguments, m’appuyant sur l’émotion
et les conflits suscités par le port du voile intégral, la burqa (y compris
chez les musulmans), je passe outre mon groupe et adresse une proposition de
résolution à tous les députés de l’hémicycle de gauche comme de droite.
J’obtiens 57 signatures. Je dépose ma demande de commission d’enquête. Elle sera
mise en place début juillet 2009.
Malgré de nombreuses tentatives pour faire
capoter la mission d’information parlementaire, je tiens bon. Lors des
auditions qui ont duré six mois à l’Assemblée nationale et lors de mes
déplacements qui se sont déroulés à Lille, Bruxelles, Lyon et Marseille, ce que
je découvre est d’une ampleur bien plus
grave que ce à quoi je pouvais m’attendre. L’emprise de l’islamisme, le travail
d’endoctrinement, d’enfermement, réalisé depuis les années 1990, ont des
conséquences graves chez les enfants, les adolescents, et notamment chez les jeunes
filles mineures.
J’apprends, en effet, que certaines jeunes
filles sont dispensées de piscine au collège et présentent de faux certificats
médicaux (dans un collège de Marseille, près de 40 % des adolescentes sont
concernées). D’autres demandes d’aide me
parviennent d’un principal d’établissement inquiet d’un mariage arrangé ou
forcé au Maroc ou en Algérie. Des jeunes filles sollicitent l’installation de
vestiaires pour pouvoir s’habiller comme tout le monde car il leur est
impossible de le faire chez elles ou dans leur quartier. Si elles ne se plient
pas aux volontés de la communauté, elles vivent un enfer, elles sont harcelées
et peuvent même subir des violences physiques. Il leur est impossible et
interdit de consulter le Planning familial de leur lieu d’habitation.
Lors de ma longue expérience de maire, je
recense de nombreux conflits dans les services de l’état civil de la ville.
Certaines femmes refusent de montrer leur visage. Des hommes qui les accompagnent
profèrent des menaces sur les agents dans l’exercice de leur fonction. De
nombreux conflits éclatent aussi à l’hôpital mère enfant de Lyon Natécia, souvent
au sujet de femmes qui accouchent et dont les époux refusent qu’elles soient
examinées et a fortiori accouchées par un médecin homme. Je pense à ce mari qui s’en est pris violemment au médecin homme
qui réalisait un forceps pour tenter de sauver femme et enfant. Ces problèmes
sont aujourd’hui monnaie courante, on
les retrouve quasiment sur tout le territoire français.
Au cours de cette mission d’information
parlementaire sur le voile intégral, un autre fait important m’est apparu,
celui de la contestation de nombreux cours, en particulier des cours d’histoire
(la Shoah entre
autres), des cours de sciences naturelles, de biologie, de littérature. En
2015, ces problèmes se sont amplifiés : des femmes voilées militent, à la
demande de leurs maris, pour interdire les cours d’anatomie à l’école primaire
qu’elles considèrent comme de la pornographie.
C’est aussi dans les entreprises, y compris
celles du CAC 40 que l’on constate une
poussée islamiste. La mixité du travail est refusée, la tenue vestimentaire des
femmes est surveillée. Les lieux de prière sont imposés dans les vestiaires.
Des pressions sont exercées sur les femmes pour qu’elles portent le voile.
Lorsqu’une femme occupe un poste de commandement, il arrive qu’on assiste à un
refus net de son autorité. Enfin, dans certaines entreprises, on note même des
tentatives de contrôle de certaines filières de recrutement.
Comme je l’ai souvent dit dès le début de la
mission d’information parlementaire, le voile intégral n’est que la partie
émergée de l’iceberg que constitue l’intégrisme fondamentaliste.
Je suis conscient que la loi sur le voile n’est
pas ou peu appliquée alors qu’il s’agit d’une loi de libération des femmes. Ce
laisser-faire de la part des autorités de la République est un signe
grave, de surcroît il entre en contradiction avec le discours prolixe que l’on
tient partout sur la mixité et l’égalité homme/femme.
Le développement d’un islam fondamentaliste travaille
à la remise en cause des lois de la République française. Il vise à bousculer et
contourner les modes de vie et les principes pour imposer, à la place, ses
pratiques traditionnelles qui sont en opposition avec nos institutions démocratiques et laïques.
L’islamisation radicale des jeunes générations
est en marche, c’est une évidence et c’est ce que montrent plusieurs études
culturelles.
D’autres paramètres entrent en
ligne de compte comme l’homophobie, l’endogamie, la défense de la virginité
avant le mariage, la brutalité envers les filles, l’antisémitisme et le sexisme
dans les banlieues. A
Pontoise, samedi 12 septembre 2015, s’est tenu le salon de la femme musulmane.
Des prédicateurs salafistes français, dans leurs discours, renvoient nos filles
et nos épouses au moyen-âge. Le salafisme joue un
rôle prépondérant quant à la surveillance des tenues vestimentaire et la
séparation rigoureuse de l’homme et de la femme. Il y a rejet de tout compromis
avec les idéaux modernes : alors,
la charia s’impose dans certains territoires. Le salafisme est un défi
lancé aux normes laïques et c’est au nom de ce fondamentalisme que se développe une violence sans limites dans une
guerre livrée à la société française.
La vague d’attentats terroristes de 2015 sont là
pour nous rappeler que le phénomène islamiste qui ne cesse de croître
représente l’un des dangers majeurs pour notre pays. La montée en puissance de
l’islam radical, la ghettoïsation des banlieues, les projets des
fondamentalistes, la multiplication des comportements antirépublicains,
anti-blancs touchent toute la société française, y compris la sphère
économique.
La présence de « commerces ethniques »
est de plus en plus voyante. Sur certains marchés, les boucheries
traditionnelles ont disparu et se développent des façades de boulangeries
industrielles où le pain à la française est exclu.
On observe aussi la multiplication de lieux de
culte improvisés, le port de tenues religieuses en forte expansion et souvent,
ici et là, des graffitis antisémites et anti occidentaux. Parallèlement, la
délinquance utilise l’islam comme un bouclier. Le financement local du
terrorisme s’accentue, la délinquance d’origine communautariste se développe,
l’économie parallèle, la contrebande, le trafic d’armes et de pièces détachées
de voitures, (avant de les incendier), s’amplifient dramatiquement. (Une partie de ces trafics sont destinés
au Maghreb et aux pays de l’Est).
Bref, l’islamisme est inséparable d’un
terrorisme qui soumet aujourd’hui la
France à un risque exponentiel d’attentats. L’islamisme
radical, couplé à la criminalité donne naissance à de véritables réseaux
terroristes.
Faudra-t-il attendre d’autres attentats pour
sortir du déni ? Comment expliquer l’apathie ambiante ? En 2012, j’étais
intimement persuadé qu’après les crimes barbares de Montauban et de Toulouse,
la situation évoluerait favorablement. Pourtant, les cibles de Mohamed Merah
sont hautement symboliques : il a attaqué des soldats de l’armée française (dont
un Français d’origine algérienne) et une école, un enseignant et des enfants
juifs d’une école juive A travers ces actes terroristes, il a manifesté crûment
sa volonté de faire la guerre à la
France et à sa part juive qui est indissociable de notre nation.
Les crimes perpétrés par Mohamed Merah ont lieu
un mois seulement avant les élections présidentielles de 2012. Sur fond de
polémique dérisoire gauche/droite à propos des services de renseignement, les
affaires politiciennes reprennent le dessus. Et en quelques jours, voici la
page tournée. Or, il n’y eut aucun soubresaut. Depuis cette date, il y eut encore la tuerie du musée juif de Bruxelles commise
par un Français d’origine algérienne, né en France, à Roubaix et élevé en
France tout comme Mohamed Merah. Puis il y eut deux mois plus tard, en juillet
2014, les violences antisémites au nom
de la Palestine. Enfin ,
en janvier 2015 la France
a subi l’attaque terroriste de Charlie Hebdo et du magasin casher de la Porte de Vincennes. Mais
loin, de s’arrêter, le scénario s’est emballé depuis : tentative avortée
d’attentat contre l’église de Villejuif en mars 2015, puis Saint-Quentin-Fallavier en juin dernier
où une tentative d’attentat a débouché sur une décapitation et enfin la tentative d’attentat dans le
train Thalys en aout 2015.
Ce jeu dangereux aboutira à la présence de Marine le Pen à la présidentielle de 2017.
Notre système politique n’est plus en phase avec
les attentes du peuple, et tout se passe comme si la notion d’intérêt général
s’était évanouie. Il faut pourtant le dire haut et fort : oui, une partie des musulmans s’est
radicalisée du fait de sa concentration dans des ghettos sociaux devenus des
ghettos ethniques. Des territoires se referment où se répandent
l’endoctrinement, le bourrage de crâne et la culture d’un antijudaïsme arabo-musulman
multiséculaire.
Nombre de ces jeunes ont le sentiment que la
société les méprise, qu’ils sont de trop. Dès lors, les prêches messianiques
des gourous islamistes donnent un sens à leur vie. Au final, ils développent un
racisme anti occidental, anti français et anti-juif. En définitive, la société paie l’abandon
dont elle s’est rendue coupable à l’égard de ces quartiers et de ces
populations. Ces Français issus de l’immigration ont été abandonnés, enfermés
dans une misère endémique. Cette jeunesse a été ghettoïsée. Avec un chômage de
masse (et des taux qui peuvent atteindre 50 %), son seul horizon est le «
no-futur ». Cette politique n’a entraîné que le mal être et l’incompréhension jusqu’à conduire à la haine de la France , une haine qui sert de
fonds de commerce au FN. De surcroit,
toutes celles et ceux de confession musulmane qui adhèrent pleinement à la Nation française et à la République et qui souhaitent pratiquer leur foi en toute
sérénité vivent un véritable drame car ils sont montrés du doigt dans un odieux
amalgame.
L’islam instrumentalisé met en avant une
revendication ethno-religieuse portée par des jeunes radicalisés devenus la
proie des salafistes. Il est mortifère de ne pas combattre l’islamisme et de ne
pas dénoncer les raisons des violences urbaines répétées dont la nature
communautariste est évidente. Ce sujet n’est pas un fait divers, il n’y a là rien de spontané mais tout, au
contraire, d’un rituel qui presque chaque jour désormais donne lieu à des
violences sinon à des émeutes. Notre société renferme des germes de guerre
civile, et nous pourrions rapidement y basculer un jour.
Dans ces conditions, on peut se demander si les
français d’origine étrangère ne pourraient pas eux aussi finir par être
sensibles à la propagande pro-islamiste. Après tant d’échecs de nos politiques,
devant l’inévitable dégradation de leurs conditions de vie due essentiellement
au chômage, et devant la montée d’une forme de racisme social lié à la mal-vie,
les français d’origine sont de plus en plus réceptifs aux slogans du FN.
Ce climat délétère est une bombe à retardement
et la situation devient tellement critique que l’affrontement est envisageable.
Un parfum de pétainisme idéologique plane au-dessus de la classe politique,
engendré par un trop-plein de quiétude. Cet abandon national et cet aveuglement
pourraient être fatals. C’est pourquoi nous devons clarifier l’enjeu pour la Nation , au plus haut niveau
politique de l’Etat si nous ne voulons pas laisser libre court aux gourous
intégristes qui instrumentalisent l’islam, nourrissent l’amalgame afin de
désarmer les nombreux musulmans qui eux ne souhaitent qu’une chose, un islam
républicain compatible. Il faut dire de manière claire et distincte que la
priorité de notre combat, c’est l’islamisme.
Pour ce faire, il faut arrêter d’ignorer,
d’humilier et de mépriser la
France populaire qui n’en peut plus. Il faut investir dans de
nombreux territoires laissés à l’abandon. Il faudrait missionner des sortes de
« casques bleus de la
République » avec une présence continue de plusieurs
mois, voire de plusieurs années pour faire reculer la gangrène, en coordonnant
les missions de police, de justice, d’éducation, de santé et d’emploi dans les
territoires les plus difficiles.
Au vu de la dangerosité de la situation, je
pense que dans les grandes métropoles, il est nécessaire de réorganiser le
service public de la police, déployer des moyens financiers, scientifiques et
humains pour traquer les mafias, les trafics de drogue et d’armes et les
islamistes au plus près du terrain, généraliser une police nationale de
proximité.
De plus, il est indispensable de renforcer les
mesures sécuritaires et militaires. En durcissant les circonstances aggravantes
et l’arsenal répressif notamment en matière de trafic d’armes, nous serons en
mesure de réagir sans état d’âme contre les trafiquants de quartiers qui
fournissent les apprentis djihadistes. Il est grand temps de sortir de
l’angélisme coupable qui oppose sécurité et liberté. Nous devons nous diriger
vers une concorde nationale pour affronter de nouvelles menaces endémiques.
Notre pays doit lutter avec des armes adaptées contre la barbarie terroriste.
Ne pas reconnaître la radicalisation d’une
partie des musulmans, en particulier la jeunesse imprégnée par l’islam radical
n’est qu’aveuglement volontaire. A quand un diagnostic républicain avec la même
portée que le programme du Conseil national de la Résistance ? C’est la
question qui me taraude depuis plusieurs années. Je propose, sous l’égide du
Président de la République
et du Premier ministre, la création d’un Conseil national de lutte contre le
terrorisme islamiste, qui marquerait la volonté de ne pas laisser le Front
national prospérer.
Droite et gauche doivent s’unir face au djihad,
c’est un impératif. Faute de quoi, nous perdrons à coup sûr la bataille et Marine le Pen sera aux portes du Palais de
l’Elysée.
Lancer une grande enquête parlementaire sur
l’islamisme en France serait l’occasion de pratiquer un état des lieux. Après
le massacre survenu à Charlie Hebdo, j’ai estimé que « la société a produit des
enfants devenus des talibans français qui sont en guerre contre leur pays,
contre la République ,
contre les valeurs issues de la
Révolution française ».
Revenons sérieusement sur les événements
intervenus depuis vingt ans et rassemblons les analyses produites sur
l’islamisme, avec la volonté d’identifier l’idéologie islamiste, sans tabou,
celle-là même qui a déclaré la guerre à la République et à ce
qu’il y a de meilleur dans nos principes démocratiques et laïques.
Il faut permettre un grand débat pour faciliter
une prise de conscience sur l’idéologie totalitaire qu’est l’islamisme.
Finissons-en avec l’omerta. J’ai en mémoire la
situation du 11 septembre 2001. Je pense que nous n’avons pas vu le pire. Je
crains que les réveils soient encore plus douloureux et tragiques que nous
l’imaginons.
En nommant le monstre, l’islamisme, nous ferons
d’une pierre deux coups car nous réduirons aussi le Front national qui
cancérise la société. Comme le 11
janvier 2015, nous mobiliserons le pays dans un mouvement exceptionnel, durable et
déterminé.
C’est l’appel au courage, à un sursaut
républicain, à un réveil civique dont la France a besoin.
André Gérin,
Vénissieux, septembre 2015
Bravo ! Rien à ajouter !
RépondreSupprimerMais début 2017, les choses n'ont pas beaucoup bougé...