Clarifions notre posture. Nous ne sommes pas dans la majorité présidentielle parce que le PS a abandonné toute stratégie de transformation sociale en accomplissant un blairisme à la française, assumé !
Le PCF doit être l’opposition de gauche, une opposition critique, une opposition constructive, et ce, tant que le Parti socialiste mènera une politique autiste et suicidaire. Dans notre combat contre l’austérité, nous voulons un parti communiste prêt à prendre ses responsabilités, y compris dans un gouvernement qui réponde vraiment aux choix effectués le 6 mai, conformément aux exigences populaires.
Pour être utiles, nous pouvons passer des compromis sans passer sous la table, comme nous l’avions fait sous Jospin.
Pour ma part et dans ce contexte, le Front de gauche me paraît bien étriqué, bien limité. Ce qui me paraît essentiel, c’est d’aller bien au-delà de cette vision tout en refusant le gauchisme et l’antiparlementarisme.
Adressons-nous à l’ensemble du peuple, sans faire le tri. Il n’y a pas, d’un côté le peuple de gauche, et de l’autre, le peuple de droite. Il est un peu commode de conclure à la droitisation de l’opinion sans comprendre par ailleurs le peuple qui souffre, qui a le sentiment d’être abandonné et que tout fout le camp.
Dans cette résistance au capitalisme cynique et sans pitié, au cœur de la braise sociale et politique, monte l’exaspération et la volonté d’être tous ensemble. Dans ces circonstances, nous devons inscrire notre projet politique.
Je ne pense pas que l’opinion soit résignée. Elle bute simplement sur l’impasse de la politique gouvernementale. Aussi, nous pouvons observer des révoltes de plus en plus puissantes, qui prennent des formes insurrectionnelles qui peuvent à tout instant s’amplifier : Aulnay, Florange, Goodyear…
Alors que l’on nous propose un communisme de nouvelle génération, je dis devant le congrès : chiche ! C’est un livre à écrire tous ensemble, dans ce qui fait la diversité des communistes.
C’est pourquoi, le moment est venu de tourner la page du Congrès de Martigues, de cette mutation dissolution qui a contribué à diviser, à disperser des milliers de communistes en tentant de jeter aux orties l’histoire et l’identité du PCF. Si nous devons être sans complaisance vis-à-vis de l’histoire, je ne vois pas en quoi les communistes français pourraient avoir du sang sur les mains ! Que cela plaise ou non, le communisme s’est révélé comme un phénomène politique majeur de l’histoire du 20ème siècle. Comme cela a été fait après Martigues, je refuse les caricatures, les raccourcis d’un communisme présenté comme criminogène ou encore totalitaire. Pourquoi ferions-nous l’impasse de ce que d’aucuns ont appelé dans toute l’histoire du siècle qui vient de nous précéder, la passion française du communisme ? Oui la révolution d’octobre a changé, a accéléré, le cours de l’histoire de l’humanité. C’est vrai nous avons idéalisé, nous avons sacralisé l’URSS. Mais, pour autant, l’envergure du communisme, les idéaux révolutionnaires, la lutte pour la paix, ont constitué des points névralgiques du siècle dernier.
Comment pourrait-on expliquer toutes les conquêtes de pouvoir depuis les années 30 ? Quelles soient syndicales, municipales, la place du service public, la Résistance, les luttes contre le fascisme et contre le colonialisme, notre participation à la direction de la France de 1944 à 1947 avec le Général De Gaulle. Nous avons contribué à des avancées historiques et d’avant-garde. Elles marquent l’empreinte du combat d’aujourd’hui.
Lorsque nous parlons d’un communisme de nouvelle génération, il émergera en s’enrichissant de l’histoire des générations précédentes. A nous d’inventer, à nous d’innover, à nous d’oser, car l’humanité est à la recherche d’une issue. C’est une révolution culturelle et un défi de civilisation qui sont à l’ordre du jour, qui appellent les communistes à un travail renouvelé en matière théorique, philosophique, et d’économie politique.
Je veux être clair à propos du congrès de Martigues. Personnellement le doute n’est pas levé. Je mesure pour autant le fait que le PCF ait toujours droit de cité 13 ans plus tard. C’était donc loin d’être acquis et, pour ma part, ce n’est pas anodin.
Vouloir rassembler les communistes est un objectif vital mais cela exige des efforts et des signes forts pour tenter de créer un climat de confiance. Le doute est encore permis aujourd’hui lorsque j’entends des responsables politiques entretenir l’idée qu’il faudrait dépasser le PCF, et qui continuent de se battre pour la création d’une force politique nouvelle. J’aimerais bien qu’ils nous disent laquelle ?
Je ne veux pas tourner autour du pot. Depuis la chute du mur de Berlin en 1989, ce combat existe. Il a été accéléré en 2000 au congrès de Martigues en tentant d’effacer la place et le rôle du PCF, en faisant l’impasse de nos points forts dans les combats menés depuis 1920.
Je suis convaincu que l’échec du socialisme du 20ème siècle n’invalide pas la portée universelle du communisme, pas plus que la Saint-Barthélemy a mis en défaut les valeurs du christianisme. Car, sans tenir une comptabilité, je suis convaincu que nous devons parler des drames et des crimes du 20èmesiècle, en mettant face à leurs responsabilités, toutes les forces politiques de notre pays.
Malgré les blessures et les désillusions, retrouvons notre fierté d’être communistes en restant lucides et surtout en étant fiers de nos aînés et de tout ce dont nous leur sommes redevables.
Et si le PCF était véritablement indépendant, capable de faire du neuf, de se régénérer, de voler de ses propres ailes, en devenant la 3ème force politique du pays ? Un PCF qui retrouve droit de cité alors que nous fêterons EN 2020 le 100éme anniversaire de sa création à Tour. C’est ce combat qui m’intéresse car personne ne maîtrise l’agenda social et politique.
Un PCF toujours vivant : ce serait un coup de tonnerre en France et en europe.
André GERIN
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