samedi 10 janvier 2015

En mars 2012, j'adressais un courrier à François Hollande et Jean-Luc Mélenchon, alors candidats aux élections présidentielles

Au vu des événements tragiques que nous vivons actuellement après l'attentat terroriste du siège de Charlie Hebdo, je remets en avant la lettre que j'avais adressée aux candidats à la présidence de la République, François Hollande et Jean-Luc Melenchon. 

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Cher François, Cher Jean-Luc,

Après les crimes barbares de Montauban et de Toulouse, je souhaite m’adresser à vous deux, car il ne s’agit ni d’un fait divers, ni de l’acte isolé d’un fou qui aurait versé dans l’intégrisme religieux. Un devoir de lucidité s’impose à nous.

Ces événements, qui ont bouleversé les français, nous interpellent et nous invitent à réfléchir et à agir sur l’un des défis républicains qu’il nous faut relever dans l’urgence.

Voilà plusieurs années que je tire la sonnette d’alarme : nous avons, dans les quartiers de nos villes, des jeunes en rupture de ban avec la société et avec la République, en position même de combat contre la France. Ils sont la proie de l’islamisme radical, lequel s’applique à conquérir des territoires sur notre sol, à y imposer les règles de la charia, à défier nos valeurs et notre culture.
Les cibles de Mohamed Merah sont – ô combien – et tragiquement symboliques : des soldats de l’armée française et une école, un enseignant et des enfants juifs.

Se manifeste ainsi très clairement une volonté de guerre à la France doublée d’un antisémitisme criminel. Cette haine de la France est un poison mortel.

Les crimes de celui qui n’est plus le petit voyou multirécidiviste de Toulouse ont eu des précédents. Rappelons-nous la bombe artisanale qui a explosé, le 7 septembre 1995, à Villeurbanne, devant une école juive dix minutes avant la sortie des 600 enfants ; Khaled Kelkal, suspect de l’attentat raté sur la ligne TGV Paris/Lyon, tué par la police en 1995.

En janvier 2002, deux gamins d’un même quartier de Vénissieux se retrouvent à Guantanamo. En avril 2004, l’imam Bouziane est expulsé de France pour propos revendiquant la lapidation des femmes et discours de combats contre la République et la France. J’ai en mémoire encore le témoignage de ces enseignants de collège à propos d’adolescents de 12, 13 et 14 ans qui viennent contester violemment des cours d’histoire, de géographie ou de sciences naturelles.

Je n’oublie pas non plus les trois semaines d’émeutes de 2005 qui n’ont politiquement pas été analysées sérieusement, la place qu’y ont pris les trafiquants de drogue, les mafias et les petits groupes d’intégristes, l’incendie de bâtiments publics, symboles de la République (écoles, bibliothèques, centres sociaux…). 800 communes ont été concernées dont Villiers-le-Bel, Grenoble, Marseille…

Comme je l’ai écrit dans un livre intitulé « Les ghettos de la République, encore et toujours » (aux éditions Le Publieur www.lepublieur.com ), depuis plusieurs décennies, il y a un aveuglement sur la montée de l’islam radical. Son terreau, ce sont les ghettos sociaux et ethniques qui s’installent sur fond de paupérisation économique, sociale, morale et culturelle.

Ainsi, des territoires se referment. S’y déploient l’endoctrinement, les conditionnements, voire le bourrage de crâne.

Nombre de ces jeunes ont le sentiment que la société les méprise, qu’ils sont de trop. Dès lors, les prêches messianiques des gourous islamistes donnent un sens à leur vie. Au final, ils développent un racisme anti-juif, des jugements et comportements anti-France et anti-blanc. La société paie, en définitive, l’abandon dont elle s’est rendue coupable à l’égard de ces quartiers et de ces populations.

Les français issus de l’immigration ont été abandonnés, enfermés dans une misère endémique. C’est une jeunesse ghettoïsée qui n’a comme seul horizon un « no-futur », avec un chômage de masse et des taux qui peuvent atteindre 50 %. Cette politique n’a entrainé que du rejet, du mal-être, de l’incompréhension jusqu’à conduire à la haine de la France. Cette haine-là sert de fonds de commerce au FN et Nicolas Sarkozy s’en sert pour diviser les français. Le drame est que sont ainsi montrés du doigt, dans un odieux amalgame, toutes celles et tous ceux qui sont de confession musulmane, adhèrent pleinement à la Nation et à la République et souhaitent pratiquer leur foi en toute sérénité.

Après la mission d’information parlementaire sur le port du voile intégral, je peux confirmer que l’étendue du communautarisme est une réalité qu’il serait dangereuse de nier notamment dans les régions de Lyon, Marseille, Lille, et Grand Paris.

L’islam instrumentalisé met en avant une revendication ethnico-religieuse, portée par des jeunes devenus la proie des salafistes.

La France est à la croisée des chemins. Notre volonté de reconnaître la place de la 2ème religion en France, l’islam spirituel, son installation nécessaire dans des lieux dignes de ce nom doivent s’accompagner de notre refus catégorique d’un islam politique contraire aux principes de laïcité, à notre art de vivre, à notre mode de vie, à notre culture.

En France, la loi garantit le libre exercice de la foi, dès lors que la foi ne prétend pas faire la loi.

En tendant la main à la majorité des français de confession musulmane, nous combattrons efficacement cette poignée de gourous intégristes car ce sont eux qui font l’amalgame et contribuent à stigmatiser l’islam. Ne pas le faire entretiendrait l’ambigüité et laisserait les musulmans désarmés. En même temps, il revient aux musulmans eux-mêmes de se désolidariser des actes de rejet de la civilisation.

Par ailleurs, notre combat doit être sans faille afin de repérer et de surveiller les extrémistes islamistes, leurs manifestations de violence y-compris symbolique destinées à tester et à défier la République.

La tolérance zéro s’impose à l’encontre de la propagande des sites djihadistes.

A propos de l’intervention du RAID et par-delà les polémiques :

- je crois indispensable la création d’une grande enquête nationale pour réaliser un état des lieux, tout cela dans une démarche républicaine, sous l’égide de l’Assemblée nationale.

- Il s’agit de dire toute la vérité sur la menace djihadiste en France, faire le bilan de tous ces jeunes qui sont passés par Al Qaïda, l’Afghanistan, le Pakistan. Comment croire que ces voyages ne seraient pas liés à des organisations et des têtes de réseaux ?

- Au centre, se trouve la question de l’école républicaine : doit-elle éviter de choquer les sensibilités ou doit elle soumettre les religions et l’islam en particulier, au feu des critiques rationnelles ? Comment contribuer à la formation de l’esprit critique et jusqu’où doit aller la société sans être en contradiction avec l’esprit des Lumières et les principes universels des droits de l’Homme et du citoyen ?

Je me suis permis ces réflexions et ces propositions car je pense sincèrement que des réponses sont attendues par des millions de citoyens de notre pays. Il est important que la gauche, dont vous êtes deux représentants, puissent s’exprimer à sa manière et faire passer des messages très forts sur la volonté du futur Président de la République.

Même s’il faut conforter et adapter l’arsenal antiterroriste, la question cruciale me semble-t-il, en prise avec la vie de tous les jours, est d’examiner, de comprendre, de voir où et comment et à quel âge, on entre dans un processus de conditionnement et d’endoctrinement.

Comment et pourquoi des processus de ce type s’opèrent dans certains quartiers et territoires de notre pays en opposition totale avec les lois de la République et de la laïcité ?

Il me paraît indispensable d’établir une véritable cartographie des lieux où se développe le communautarisme et appréhender les conditions dans lesquelles des jeunes, enfants, adolescents, des jeunes mineurs, sont victimes de cette emprise.

Je propose, en complément de la police de proximité, la mise en place d’une mission stratégique à la direction nationale de la police pour faire la guerre aux trafiquants de drogue, traquer les mafias, les trafics et les fondamentalistes au niveau local et global.

Je préconise la réorganisation du service public de la police dans les grandes agglomérations avec délocalisation de compétences et dotation de moyens d’investigation adéquats.

A cette fin, la gauche doit sortir de sa frilosité sur ces sujets sensibles car nous avons la nécessité de convaincre une majorité d’électeurs que la crise est une crise du capitalisme, qu’elle implique des ruptures majeures avec les politiques passées dans le domaine économique et social, l’emploi, le niveau du pouvoir d’achat. Nous sommes face à une crise du capitalisme aussi importante que celle qui a eu lieu celle des années 30.

Prenons à bras-le-corps ces préoccupations vitales. Elles conditionnent l’avenir de notre pays et peuvent, peut-être, ouvrir un nouvel horizon en donnant à des millions de français l’envie d’aller voter pour mettre hors jeu le Thatcher à la française.

Cher François, Cher Jean-Luc, je vous prie de croire à ma volonté que la gauche dirige le pays durablement et conduise à bien les changements attendus.

Amitiés.

André GERIN

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